vendredi 26 mars 2010

Henri Michaux "Misérable Miracle" (extrait)

Parmi les déferlements silencieux, les trémulations de la nappe illuminée, dans le va-et-vient rapide martyrisant des taches de lumière, dans le déchirement de boucles et d’arcs et de lignes lumineuses, dans les occultations, les réapparitions, dans les dansants éclats, se déformant, se reformant, se contractant, s’étalant pour se redistribuer encore devant moi, avec moi, en moi, noyé et dans un insupportable froissement, mon calme violé mille fois par les langues de l’infini oscillant, sinusoïdalement envahi par la foule des lignes liquides, immense aux mille plis, j’étais et je n’étais pas, j’étais pris, j’étais perdu, j’étais dans la plus grande ubiquité. Les mille et mille bruissements étaient mes mille déchiquetages.


 (Extrait de Henri Michaux "Misérable Miracle", 1956)


2 commentaires:

  1. magnifique! pasion y oscuridad....

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  2. je vois
    le temps
    comme un défilé de moments
    masqué par des aveuglements
    qui ont sacrifié le poète de Tanger
    pour quelques froides statues scrutant un passé


    le jour s'endort
    m'effroi son decor
    jamais en corps avec l'accord


    la cime devient Abysse
    elle reste pantois devant ses mines


    cauchemar déjà tu en reviens
    que tu y retournes !


    crucifiant Golgotha
    sur l'hotel du regard du vieux vielleur

    maître de nos trous de mêmoire

    aux froides sueures

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